Des chevaux en plus ? pour quoi faire ?
18 février 2014, 11:42
Récit des aventures de courses de Jean-Michel Paquient, Directeur général de la SIMA, à l'Enduro Quad de Vassivière 2014, où son Target Gunner TGB en a remontré à de très nombreux "gros" concurrents…
1. Introduction
Par un beau matin de janvier 2014, Francis GUERAND, le patron du magazine "Quad SSV pratique" m'appelle :
Francis GUERAND : "Chiche que tu t'engages à l'enduro quad de Vassivière? je voudrais écrire un sujet sur le thème : "mon 1er enduro en quad"
Moi (Jean-Michel) : Une course en quad ? mais on n' a pas de quad de course chez TGB - La SIMA…
F.G. : Pffffff… on s' en fiche, tu verras c'est une course facile, aucun problème.
Moi : Attends, j' ai pas touché un guidon depuis 4 mois, c'est un peu "chaud" quand même ?
F.G. : Mais non, mais non... bon, c'est ce que je pensais, tu te dégonfles.
Moi: Bon, c'est oĂą et quand ?
F.G. : A Royères-de-Vassivière, au bord du lac du même nom dans le Limousin les 15 et 16 février
Moi (à moi-même) : Vassivière... Limousin... Des mots qui résonnent dans ma tête : "Gilles Lalays Classic, Bois de Crozat, Corbeau mort, Bourbier de Truffy, de Quenouille... j'en passe..." (les connaisseurs apprécieront !!). OK, je fonce, j'arrive, je cours !
Et voilà comment toute l'histoire a commencé...
2. Le choix des armes
Un coup d'oeil par la fenêtre du bureau qui donne sur notre atelier : qu'est-ce qu'il y a comme quad pour la presse de disponible ? même si j'avais déjà ma petite idée et mon cahier des charges... (une direction assistée pour économiser mes petits bras, des suspensions indépendantes obligatoirement, et surtout... le meilleur châssis).
Tout naturellement, mes yeux se posèrent sur un magnifique Gunner 2014 tout équipé d'origine des indispensables protections châssis et triangles aluminium : 100km, à peine rodé (!)... tant pis, je finirai le rodage dans le limousin !
On enlève le treuil (toujours ça de gagné pour mes petits bras de bureaucrate), on lui met les 4 roues d'un 550 target IRS 2014 en Innova Xtrem Lite pour avoir un peu plus de garde au sol dans les pierriers, on bricole un porte numéro artisanal à l'arrière et c'est parti…
3. Préambule
La pression monte, arrivée sur place à l'arrachée (départ du bureau en retard comme d'habitude), vendredi soir 14 février (belle Saint-Valentin pour ma moitié... excuse-moi chérie mais le Limousin en février, ça ne se loupe pas) juste avant la fermeture du contrôle technique, ouf... tout est bon, contrôle sonomètre, vérifications techniques de sécurité, le gars et son - j'espère- fidèle destrier sont acceptés par les instances fédérales.
Un petit mot à propos du président du club un vrai passionné (c'est leur 16ème enduro quad !!!), J.-J. BORD, qui m'a gentiment attribué un petit numéro. Qu'il en soit ici infiniment remercié !!
On me lance : "hé, mon gars, c'est pas une rando ici , c'est une course et une vraie ! "..."
"T'as pas peur de manquer de chevaux avec ton engin ?" continue-t-il, l’air narquois...
"Vous savez, c'est ma première course en quad, je viens pour me faire plaisir, le classement je m'en moque, mon but c'est le fun, retrouver une région où j'ai laissé quelques souvenirs (j'ai un petit passé d'enduriste moto)... à demain !"
Allez, pour se mettre un petit coup de pression supplémentaire et pour assouvir ma curiosité naturelle, observons ces 154 quads au départ : Renegade et Outlander 800/1000 sur-préparés à foison, Polaris Scrambler 850 - en veux-tu, en voilà -, Yam 450, 700, KTM 525, Outlaw, bref... du très bon matos, des budgets monstrueux... je suis le plus petit quad, le moins cher... et surtout le seul 100% d' origine, j'ai même laissé les rétros, c’est vous dire !
D'un coup, ma conscience m'interpelle : dans quoi me suis-je lancé ? où vais-je ? qu'asperge, concombre, bref....
Pour ne rien gâcher, je détecte de la compassion... ou de la moquerie suivant les regards que je croise !
On me dit, au hasard d'une discussion, que c'est la course la plus dure d'Europe...
Ce bon Francis m'aurait-il induit en erreur ? le traître...
Un dernier détail pour bien dormir ce soir : prise de la météo du samedi 15 février sur la région... !!! : non, je préfère ne pas vous dire !!! Restons positifs, ils se trompent tout le temps....
4. La course du samedi matin
Je pars avec, et dans la minute d'Adrien Mangieu, qui est simplement l'un des tous meilleurs pilotes de quads en France !
Ce matin, nous ferons juste 15km aller/retour pour faire deux spéciales chronométrées qui donneront un classement qui déterminera l'ordre de départ de la course à midi.
1ère spéciale : herbe vierge, pas une trace (si ! celle d'Adrien que j'ai laissé partir devant moi par pitié de ne pas le bouchonner...). Je n’ai pas roulé depuis 4 mois, mais ce n’est pas grave. Je donne tout, les trajectoires, la gâchette en permanence à fond. J’essaye de glisser le moins possible, de ne pas perdre de vitesse pour éviter les relances, bref... je me régale : 1er objectif atteint !
2ème spéciale : terrain de cross.... là , je fais moins le malin avec mon Target !! surtout sans avoir reconnu les sauts ! On y va en douceur, il ne faudrait quand même pas finir à l'hôpital ou casser du matériel, la course est encore longue.
Ah ! en approche d’une zone technique : un pierrier en descente ! Emporté par l' enthousiasme des 3 spectateurs présents sous la pluie de bon matin et amassés (!) le long de cette zone de jeu, je passe à fond sans couper et sans freiner...
Une descente bien pourrie, remplie de cailloux et de trous s'en suit : Ă FOND !
Petite parenthèse : je ne remercierai jamais assez Fred (Le patron de la SIMA) pour nous avoir autorisés à travailler sur les suspensions il y a deux ans, Ludo (mon animateur des ventes) pour m'avoir donné en permanence son avis éclairé et fait progresser à pas de géant ce sujet, et enfin, l'usine pour nous fabriquer exactement ce que nous avons demandé, dans une qualité irréprochable : les EVO-R
Le pierrier ? quel pierrier ? les trous ? quels trous ? les racines ? quelles racines ? je n'en reviens pas de l'efficacité de ces amortisseurs. Je n'ai pas changé un clic par rapport à l' origine, je roule dans des chemins où des machines hyper préparées à 20000€ devant moi se font chahuter et je passe une main au guidon sans me soucier de rien....
un mot sur la direction assistée : non contente de suppléer à mon manque de rigueur des avant-bras (je l'ai mise en mode mini), elle amortit en plus tous les chocs parasites qui viennent vous emmener le guidon à droite ou à gauche, violemment sans prévenir quand vous passez dans une ornière en travers ou un caillou non repéré... les quadeurs sauront de quoi je parle !!
Retour au parc pour attente des classements.
Le résultat tombe comme un couperet : 17ème
Pardon ? il doit y avoir une erreur ?
NON.
Avec tous les quads à boîte qui ont mené un train d'enfer en spéciale, et franchement imbattables dans ce domaine, cela doit me mettre 6ème ou 7ème vario... devant 70 autres 800cc et 1000cc
Allez, on se calme, on boit frais, le plus dur reste Ă faire...
5. La course du samedi après-midi
12h05 : départ de la course pour 100km .
Vous dire qu'il pleut serait un doux euphémisme... il drache, il tombe des cordes, sus à la poussière !
Tantôt de la neige, tantôt de la grêle viendront agrémenter cet atelier poterie...
Il paraît que les temps sont larges... D'ordinaire méfiant, je ne l'entend pas de cette oreille et pars, régime sans selle, debout et à l'attaque. Bourbiers, côtes, descentes, ornières, le panel des difficultés techniques de la région est bien là , mais en mode "light" rien de très méchant. Disons qu'une rando pourrait largement se faire là où l'on passe.
Paysages magnifiques, cailloux moussus, forêts de sapins légendaires, chemins sablonneux, quel bonheur de retrouver ce Limousin.
3 spéciales chrono cet après-midi agrémenterons le parcours.
Mon Target est en pleine forme (mieux que moi !), une horloge, je peux compter dessus et ne penser qu'Ă mon pilotage.
Ah si, un petit tracas : ce témoin rouge qui s'allume de temps à autres, qu’est-ce donc ?
Loïc, notre responsable garanties quads, a eu l'idée opportune d' accepter mon invitation : "ça te dirait un week-end dans le limousin ? non, non, pas cet été, milieu février... OK ? Prends des affaires chaudes, ton ciré jaune et tes bottes en caoutchouc, par contre"... le bougre a entendu parler de la région - en bien - par son oncle enduriste dans l' âme.
"Dis donc Loïc, c'est quoi le voyant rouge allumé et le voyant orange juste en dessous ?"
Loic : "le rouge, ça signifie que le quad chauffe, l'orange, c'est pour signaler qu'il y a ce problème..."
je me penche devant le quad et là ... stupeur : à rouler comme un fondu dans les bourbiers, flaques de boue et autres, plus un centimètre carré de radiateur qui perçoive la fraîcheur de l'air du Limousin... mon fidèle destrier me crie : "à l' aide, à l' aide !" avec son voyant rouge, et moi qui ne voyais rien !!! je m' en veux, j'enrage d'être aussi égoïste, mais pas le temps de bricoler sinon je vais prendre des pénalités, je le rentre au parc comme ça et on verra... on a déjà survécu aujourd'hui, demain est un autre jour, je trouverai la solution (faute de karcher).
Au bilan : des temps pas trop larges (j' avais raison de mettre du gaz dans les chemins !) et nous ne serons que 15 sur 154 (!) à pointer sans pénalités.
Je me retrouve 16ème au classement général de ce soir !
Ce souci de radiateur bouché m'empêche de dormir... en rentrant de manger à l'hôtel, je passe aux toilettes, et là ... miracle ! la lueur divine m'éclaire comme jésus au pied de sa croix : voir photo !
C'est toujours dans la m**** qu'on reconnaît ses amis...
6. Dimanche 16 : 160km d'enfer !
Départ 7h30 le matin, un tour au parc d'assistance histoire de brosser mon radiateur dans le sens du poil, mon rouge destrier me dit merci, et c'est parti : roulage de nuit pendant une heure, merci les feux avant d’origine qui éclairent toujours parfaitement !
Aujourd'hui est un autre jour, je l'avais dit ! c'est rien de le dire. Du mode "amateur", on passe en mode "pro", comme sur la Xbox de mon fils...
Pierrier pendant 1/2h, moulards (c'est un bourbier, mais en pire, et parler limousin), côtes, dévers d'enfer (ça, j' aime pas...), descentes aux enfers, bref...
Des spéciales magnifiques, (félicitations au club), techniques , rapides (parfois trop pour mon rouge équidé), peu importe, il sait tout faire, et bien en plus.....ses limites sont les miennes, ça tombe bien !
Il y en a largement assez pour mes bras quand je vois tout ces quads surpuissants que je double dans les chemins dès que cela devient technique...
Arrivée vers 14h après une roue avant crevée, une roue arrière percée, un nettoyage du radiateur à chaque CH (merci l'hôtel du Limousin !), un plantage en règle dans un moulard (merci le blocage de pont, sinon j' y serais encore !).
Le classement final (15ème au général) reflète les capacités de la machine : implantable, et toujours présente :
http://vctt.e-monsite.com/pages/enduro- ... lasse.html
Au final, si je dois faire le bilan de cette aventure :
Les points négatifs :
- je croyais manquer de puissance au début de la course, mais je me suis vite rendu compte que ce serait aussi un avantage
- les projections de boue
- le frein au pied qui me gĂŞnait plus qu'autre chose
- ce témoin rouge qui s' allumait tout le temps pour me mettre la pression !
- je n'arrive plus Ă faire mes lacets
- impossible de soulever la bouteille d'eau face Ă moi
Les points positifs :
- moteur increvable et toujours présent
- châssis magique
- suspensions de folie
- vive le Limousin et un grand merci et bravo au club, à J.-J. BORD et toutes ses équipes de bénévoles pour avoir tracé et balisé 300 km de chemins pour notre plus grand plaisir !
Moralité :
*qui vient avec moi l'an prochain pour faire une Ă©quipe TGB ?
*des chevaux en plus ? pour quoi faire ?
Je pense sincèrement qu'avec un quad plus puissant et au vu de ma préparation physique (!!), je me serais fatigué beaucoup plus vite et n'aurais sûrement pas fini la course.
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